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Agriculture durable
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Nous étions au séminaire de la Chaire AgroTIC, à Bordeaux, sur le thème de la modulation intra-parcellaire et du numérique en agriculture. Nous avons eu l’opportunité d’y interviewer Gilbert Grenier, à la fois professeur de « machinisme et agriculture numérique » à Bordeaux Sciences Agro mais aussi expert en agriculture de précision et auteur du livre « Agriculture de précision – Comprendre et mettre en œuvre les bases de la révolution agronomique ».
« L’agriculture de précision c’est tout d’abord la bonne dose, au bon endroit et au bon moment. La nouveauté est que j’aborde la question de l’agriculture de précision sous un autre angle : celui de l’agronomie. Les outils technologiques sont évidemment nécessaires mais ce ne sont que des outils. Ils doivent servir une cause, un projet agricole. Ils ne vont pas transformer le travail des agriculteurs si ces derniers ne prennent pas le temps d’établir un réel objectif pour leur culture. En résumé, il ne faut pas voir la révolution du numérique en agriculture comme une avancée uniquement technologique mais plutôt agronomique car elle englobe à la fois les outils, les méthodes de travail et surtout les connaissances agronomiques.
Il est important également de préciser la rentabilité et l’intérêt que trouve l’agriculteur à moduler. Moduler ou ne pas moduler, c’est une question récurrente. Pour moi, la question doit être inversée : Quel est l’intérêt de l’agriculteur à ne pas moduler ?
Ici, je voudrais mettre l’accent sur les cartes de rentabilité qui sont très peu utilisées en France mais pourtant essentielles. Les cartes de rentabilité, c’est la transformation des cartes de rendement en cartes de produits bruts, tout en y intégrant les coûts de production. Ceci permettra d’aller encore plus loin dans le calcul et dans la quête de gains potentiels. C’est aussi une bonne manière pour les agriculteurs de prendre conscience de la variabilité existante sur leurs parcelles et de décider des différentes opérations à réaliser sur celles-ci. Le premier travail est donc d’étudier, vérifier cette variabilité. Généralement, les agriculteurs en sont conscients mais mesurent-ils vraiment et précisément les conséquences économico-financières ? Je ne crois pas, d’où l’importance d’une analyse fine des coûts de production avant de pouvoir faire autre chose, agir.
La question de retour sur investissement est souvent posée. Je suis convaincu qu’il y a un véritable enjeu économique à moduler et un potentiel retour à attendre. Maintenant, cela demande un investissement personnel, matériel et un suivi quotidien de la part de l’agriculteur.
Ce sont des approches qui sont plus précises, plus dynamiques et plus quantifiables que la fameuse méthode des bilans. Le but est de passer de l’agriculture raisonnée à l’agriculture mesurée. On distingue 3 domaines développés par les technologies du numériques : les outils de mesure, les outils de transfert / de stockage / d’analyse des données et enfin, les outils de mise en œuvre d’actions qui permettent d’effectuer des applications modulées.
Il ne faut pas oublier le quatrième point, le « big data » dont le but principal est de récolter des masses de données, les analyser et capitaliser pour s’améliorer au fil du temps.
Est-ce que tous les agriculteurs peuvent se lancer dans l’agriculture de précision ?
Oui. Tout le monde peut se mettre à l’agriculture de précision ce n’est pas un problème, c’est même conseillé ! Après, l’objectif final doit être bien défini. Encore une fois, tout est question de contexte mais la taille de l’exploitation n’est pas à prendre en compte car de nombreux outils peuvent être mutualisés.
Ce sont les « grandes cultures » sans hésitation ! Les surfaces exploitables sont plus importantes ce qui incite l’agriculteur à s’équiper. En revanche, on a observé que certains agriculteurs étaient équipés mais n’utilisaient pas ou peu leurs outils. Par exemple, certains distributeurs d’engrais seraient capables d’utiliser des cartes de modulation mais les agriculteurs ne sont pas capables de les mettre en pratique : soit par manque de formation soit parce qu’ils n’ont pas encore mesuré les potentiels gains économiques qu’ils pourraient obtenir.
Il est vrai qu’il est difficile de s’y retrouver car c’est un secteur en forte croissance et les offres sont multiples. Chaque cas est différent, unique : il faut que l’agriculteur analyse ses besoins, définisse ses attentes et évalue son potentiel. Après, des experts peuvent le conseiller afin de trouver la bonne façon de mettre en œuvre ces outils sur son exploitation.
Malheureusement en termes de formation, il n’existe pas grand-chose pour le moment. Ce qui manque le plus aux agriculteurs qui décident de se lancer, c’est le suivi et une formation régulière. Ils peuvent parfois être déroutés par autant de technologies, de complexité et abandonnent donc rapidement. Moins de 10% des agriculteurs font de la modulation automatique… il faut donc prendre soin d’eux, inciter les autres et prouver à ceux qui abandonnent que le jeu en vaut la chandelle ! La modulation ne sera jamais simple mais elle est très souvent nécessaire.
Pour moi, il y a quatre points majeurs à développer afin de répondre correctement à cette question :
Ce livre se fonde sur une approche « par étape » regroupant l’ensemble des connaissances agronomiques permettant aux utilisateurs d'adopter une démarche pragmatique pour se lancer, sans trop de risque d'échec, dans l’agriculture de précision. Il peut également servir de support pour définir des objectifs ambitieux pour les différents types de productions autorisant réussite économique et environnementale des exploitations.
Pour cela, j’essaye d’aborder de manière à la fois synthétique et claire : la conduite des cultures, le raisonnement à avoir pour maîtriser l’utilisation des intrants, l’analyse des informations récoltées et les prises de décisions à caractère agronomiques qui peuvent en découler… »
Nous sommes conscients de nous être engagés dans une nouvelle ère où les mots « digitalisation », « big data », « capteurs de précision » bouleversent l’agriculture dite traditionnelle. Cette constatation est particulièrement prégnante en France, du fait de son implication ancienne et forte dans les outils d’aide à la décision. Face à ces profondes évolutions, notre ambition est d’être le leader mondial digital dans le domaine de la nutrition des cultures.
Yara a notamment développé une Business Unit « Digital Farming » entièrement dédiée au développement rapide de solutions numériques. Nous pensons que nous avons le potentiel de « révolutionner » l’agriculture et d’apporter de nombreuses solutions aux agriculteurs. Plus précisément, Yara apporte(ra) des connaissances et des informations facilitant le processus de prise de décision de l’agriculteur. Ces données permettront d’optimiser l’utilisation de nos engrais, à la fois en quantité et en en qualité, dans une logique de la bonne dose, au bon moment, au bon endroit pour un maximum d’efficience pour la plante, rentabilité pour l’exploitant et une limitation des impacts pour notre planète.
Depuis le printemps 2018, Yara Digital Farming a lancé Atfarm, un nouvel outil exploitant des images satellitaires, ayant pour but de rendre l’agriculture de précision accessible à tous. En effet, il est disponible en ligne gratuitement pour la saison 2019. En croisant données satellitaires, biomasses, algorithme, cet outil permet d’aider les agriculteurs à épandre et moduler leurs apports d’engrais azotés avec la plus grande précision. L’objectif est toujours le même : de meilleurs rendements, une qualité de production améliorée pour un risque limité.
Il y en a plusieurs, mais trois me viennent spontanément en tête :