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Qui sommes-nous ?
Agriculture durable
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Christophe Sudraud est vétérinaire et dirigeant de la SAS Scaner. Une société qui propose aux éleveurs des solutions aux problèmes de santé de leurs animaux à travers une démarche d’analyse à l’échelle de l’exploitation. Puisqu'il existe un lien fort entre l’équilibre du sol, la conduite du système fourrager, la qualité des prairies et la santé accompagnant les performances du troupeau. Nous avons échangé avec lui sur le lien entre fertilisation des prairies et santé animale.
Une prairie, qu’elle soit utilisée en fauche ou en pâture, exporte des minéraux et des oligo-éléments. Les tableaux 1 et 2 donnent une idée des quantités exportées. Or, il est un constat partagé par tous : les prairies ne sont ni correctement ni suffisamment fertilisées et les sols s’appauvrissent et on observe fréquemment une acidification de surface. Et pour Christophe Sudraud, tout est lié : tout dysfonctionnement du sol ne pourra pas permettre une bonne nutrition de la prairie et des déséquilibres minéraux peuvent s’installer sur les vaches*. « Par exemple, un pH faible va jouer sur la disponibilité du calcium pour les plantes, calcium dont les ruminants ont besoin quotidiennement », explique M. Sudraud, qui ajoute : « la fertilisation des prairies est encore trop basée sur l’azote, alors qu’il faudrait surtout penser à couvrir les besoins des autres éléments tels que la potasse, le phosphore, le magnésium et le soufre ».
Tableau 1 : Exemple d’exportations sur prairie de fauche intensive. Essai Sud de l'Allemagne
Tableau 2 : Absorption d’oligoéléments par la prairie selon le mode d’exploitation. Essais Royaume-Uni
Si elle n’est pas corrigée, la consommation de fourrages déséquilibrés en minéraux, sucres solubles ou matières azotées, peut entrainer chez l’animal différents types de pathologies. Parmi les plus fréquentes, on peut citer :
Les excès d’azote dans la ration pâturée
Un excès d’azote, par exemple dans une prairie pâturée, va entrainer un excès d’azote dans le rumen. Sans aller jusqu’à la gravité d’une météorisation, le ruminant va devoir utiliser de l’énergie pour détoxifier au niveau hépatique l’azote en excès, explique Christophe Sudraud. La mobilisation de cette énergie va se faire au détriment de celle disponible pour la lactation ou pour l’engraissement. On peut donc voir maigrir des ruminants lorsqu’ils pâturent, par exemple, des parcelles trop riches en légumineuses** ou ayant reçu de l’azote en excès. Lié à ces excès d’azote, on peut aussi citer les soucis de reproduction rencontrés lorsque les vaches sont au pâturage.
La carence en magnésium ou hypomagnésie
Dans un sol, la quantité de certains éléments nutritifs peut faire varier la disponibilité d’autres éléments. Ainsi, la disponibilité du magnésium est inversement proportionnelle à celle de la potasse. Un sol trop riche en potasse, où le rapport K/Mg est trop déséquilibré, va induire une réduction de l’absorption du magnésium. La carence en magnésium se traduit par une chute de sa concentration sanguine, alors que cet élément est indispensable car il assure des fonctions structurelles et stimulatrices. Une carence sévère peut aboutir à une tétanie d’herbe : signes nerveux, tremblements, raideur dans la démarche et parfois mort de la vache.
Pour Christophe Sudraud, même si ces dérèglements sont bien maîtrisés avec les complémentations minérales, il s’agit de « mettre un pansement sur une jambe de bois, parce que l’on corrige les dysfonctionnements de l’herbe par un apport extérieur ». Il conclut : « si on amenait plutôt le minéral sur l’herbe, on éviterait les carences et on aurait une prairie plus productive et pas carencée ».
* : Dans le cas d’une prairie de mélange, un déséquilibre minéral du sol va impacter (la population) la composition floristique de la prairie car les différentes espèces sont plus ou moins exigeantes en minéraux. Certaines espèces seront donc forcément défavorisées et ne s’exprimeront pas comme attendu, ce qui déséquilibrera la composition du fourrage, donc sa valeur alimentaire, par rapport à ce qui était attendu.
** : dans les prairies de mélange graminées/légumineuses, il est important d’apporter de l’azote sur les graminées en sortie d’hiver. Sans cet apport, les légumineuses peuvent rapidement prendre le dessus.
Il est nécessaire de cultiver l’herbe, autant sur le plan qualitatif que quantitatif, pour maximiser son utilisation et diminuer les coûts alimentaires. De nombreux facteurs influent sur la rentabilité de cette culture et doivent être pris en considération dans sa conduite.