L'agronomie de la betterave sucrière

L'objectif de tous les producteurs est d'obtenir une culture à fort rendement, qui produise une quantité maximale de sucre par hectare avec une mélasse de qualité acceptable. La teneur en sucre de la betterave doit être élevée, et la teneur en acides aminés de la mélasse doit être faible.

La culture de la betterave sucrière est bisannuelle. Son rendement est déterminé par la quantité de rayonnement solaire capturée au cours de sa première année de croissance. Il est donc primordial de considérer ce paramètre pour définir une stratégie agronomique. Cette stratégie doit garantir une installation rapide et précoce pour minimiser le délai entre l'émergence des premières feuilles et la fermeture complète du couvert, ainsi que pour maximiser le délai entre la fermeture du couvert et la sénescence. Elle permettra ainsi d'assurer une interception du rayonnement de 90 % et donc d'obtenir un rendement maximal.

De nombreux facteurs agronomiques sont susceptibles d'influencer ces résultats. La plupart peuvent être contrôlés par le producteur dans des conditions climatiques et de sol données. La préparation du lit de semences, la qualité et la levée des semences, la croissance des plantes et l'écartement des lignes sont autant de facteurs à prendre en compte.

Lit de semences

La préparation du lit de semences consiste à créer une couche de terre émiettée et à déposer les semences en dessous, sur une couche de sol ferme avec une bonne structure en profondeur. Cette structure permet aux nutriments, à l'oxygène et à l'humidité de circuler jusqu'à la semence en phase de germination. Le semis doit avoir lieu juste après que le sol a été préparé. Repousser le semis à début avril peut entraîner une diminution du rendement de 0,5 %/jour, provoquée par le développement tardif de la betterave, qui se traduit ensuite par un couvert moins étendu en période de rayonnement important. Il faut à tout prix éviter d'endommager la structure du sol, et donc de le travailler lorsqu'il est humide.

Sol et pH

La betterave sucrière est très sensible au pH du sol et ne produit un fort rendement que si elle est cultivée dans des sols à pH neutre à élevé. Le pH dépend du type de sol :

  • pour un sol sablo-limoneux à argileux, le pH doit être compris entre 6,5 et 7 ;
  • pour un sol sablonneux, le pH idéal est de 5,5 à 6 ;
  • pour les sols riches en matière organique, le pH recherché est de 6,2.

Comme l'illustre l'image ci-dessous, le niveau du pH influence également la disponibilité des nutriments. À des valeurs de pH supérieures à 7,5, la disponibilité des nutriments, et en particulier du phosphore, du manganèse, du bore et du zinc, peut être réduite malgré la présence de ces nutriments en quantités totales élevées dans le sol.

Lorsque le pH du sol est trop élevé ou trop bas, il provoque l'emprisonnement des nutriments (micronutriments, le plus souvent) dans le sol. Dans ce cas, l'application foliaire de ces nutriments garantit une réaction rapide de la betterave sucrière et empêche la croissance d'être limitée. Le bore et le manganèse, en particulier, peuvent ne pas être disponibles dans le sol à des niveaux de pH élevés.

Protection des cultures

La betterave sucrière est très sensible aux adventices, surtout entre l'émergence des premières feuilles et la fermeture du couvert. En phase émergente, les plants de betterave sont peu vigoureux. Il faut environ deux mois pour qu'ils recouvrent le sol. C'est à ce moment qu'il est important de bien désherber la culture. Souvent, trois à quatre applications d'herbicide sont nécessaires. La concurrence des adventices ralentit le développement de la betterave sucrière, qui doit lutter pour capter la lumière et les nutriments. Le développement ralenti de la betterave produit un couvert plus réduit au moment où le rayonnement solaire est important.

Rotation des cultures

La betterave sucrière peut être exposée au « pied noir » (pythium, aphanomyces, phoma). Ces champignons présents dans le sol attaquent les racines. Les symptômes sont un brunissement, voire un noircissement des racines. Une rotation de trois ans de la culture de betterave permet de réduire le risque de contamination. En outre, les plants affaiblis sont plus exposés que les plants sains. D'autres maladies fongiques (oïdium, rouille et ramulariose) peuvent également attaquer la betterave sucrière. L'autre menace sérieuse pour la production de betterave sucrière, rendant obligatoire une rotation culturale adaptée dans la plupart des zones de production, c'est les nématodes du sol.