Rendement et qualité de la prairie : les conditions d'installation


Le rendement de votre prairie et sa qualité dépendent des conditions d'installation. Plusieurs paramètres sont à prendre en compte. 

Bien gérer le semis

Il vaut mieux semer l’herbe soit au début du printemps soit en début d’automne, quand il y a suffisamment d’humidité dans le sol pour assurer un bon établissement. L’état nutritionnel du sol est lui aussi important. La demande de l’herbe en phosphate est à son maximum à ce stade d’établissement  La profondeur de semis est habituellement de 1 à 2 cm et il faut veiller à ce que le lit de germination soit égal, fin et ferme pour assurer la meilleure germination possible. On peut recourir à un semoir à fente, qui est une alternative pour régénérer l’herbage avec des espèces de graminées plus productives. Lorsque vous procédez à une rénovation, veillez à ce que les adventices agressives soient sous contrôle, utilisez dans la mesure du possible des largeurs de semis étroites pour assurer un bon peuplement. Augmenter le taux d’ivraie vivace, de fléole ou d’autres espèces à haut rendement et grande qualité dans la prairie augmente la durabilité et permet un taux de densité du bétail plus élevé. Les prairies à ivraie vivace dominante ont pour avantage de fournir plus d’herbe au printemps et des rendements plus élevés au cours de la saison, ce qui amène à une meilleure utilisation de l’azote appliqué et permet une plus grande capacité de densité du bétail

Veiller à la qualité du sol et au drainage : Herbe vue de près

  • Les sols ne doivent pas être compactés.

Une mauvaise structure du sol empêche la circulation de l’air, de l’eau et des nutriments. Elle entraîne également une réduction de l’espèce semée dans la prairie. Un compactage jusqu’à 8-10 cm indique généralement un piétinement ou une surdensité du bétail. Pour éviter le compactage en surface, une aération par fendage peut aider à la restructuration du sol. Un compactage général à une profondeur plus grande, de 10 à 15 cm est probablement dû à des dommages causés par les machines, comme celui qui résulte des opérations d’ensilage. Si la zone de compactage est dans une couche plus discrète à des profondeurs de labour, il y a plus de chances que cela soit dû à des cultures répétées. Un labour profond, un sous-solage ou la création de tranchées permet de limiter tout compactage plus profond de cette nature.

  • Les sols doivent êtres bien drainés

Un sol mal drainé est visible par la formation de gley ou le marbrage du sol. Dans ce cas, la production de l'herbe est réduite, les saisons de pâturage sont raccourcies, l'effet du piétinement est augmenté et l'utilisation des nutriments est peu efficiente. De grandes quantités de pâturin ou d’agrostide rampante sont également les indicateurs d’un mauvais drainage. En présence d’un mauvais drainage, il peut être possible d’utiliser des canalisations artificielles de manière à évacuer l’eau vers les canalisations permanentes du champ; nettoyer ou passer les conduites existantes au jet, surtout aux sorties en fossé, permet également de revitaliser le système.

Afin d’optimiser les conditions du sol et d’éviter un compactage localisé et/ou une obstruction du drainage, les densités du bétail doivent être soutenables. Il faut aussi que les agriculteurs planifient la disposition des parcelles de l’exploitation avec des zones de surface en dur, des chemins permanents adaptés et des entrées multiples aux enclos, qui empêchent les bovins de compacter ou de piétiner les zones où ils séjournent régulièrement. De nombreuses espèces de graminées tolèrent des conditions plus acides que la plupart des cultures arables, mais les prairies d’herbe ou de trèfle supportentmoins l’acidité du sol que les prairies composées uniquement d’herbe.

  • Un bon pH doit être maintenu

Le pH du sol optimal pour l’herbage continu est de 5,5-6,5 (sols minéraux) et environ 4,5-5,0 pout les sols tourbeux. Le surchaulage est à éviter car il peut induire des carences en oligoéléments tels que le zinc, le cuivre, le cobalt, ce qui peut avoir des effets néfastes sur la productivité du bétail, mais n’affecte pas la croissance de l’herbe. Le réensemencement a peu de chances de réussir, à moins que le pH du sol et la fertilité soient traités en même temps. Une forte densité de paissance est utilisée quand les pâtures ont besoin d’être broutées rapidement

  • Bien gérer la densité du bétail 

Afin d’exploiter l’herbe au mieux, il est important de surveiller les taux de densité du bétail et de les ajuster. L’essentiel est d’arriver à trouver le juste équilibre en veillant à ce qu’il ait de l’herbe en quantité suffisante pour chaque vache afin de maximiser la production sans la sous-alimenter, car cela pourrait entraîner des problèmes de rendement et de fécondité. Les essais montrent que lorsque l’on augmente la densité du bétail à des niveaux non soutenables, le rendement en lait et les niveaux d’extrait sec par vache diminuent, conséquence d’une quantité insuffisante d’herbe pour nourrir correctement chaque animal.

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Graphique 1 : Taux de densité du bétail et rendement en lait 

En Irlande, une densité du bétail de 3,3 vaches laitières par hectare, permet d'obtenir un rendement plus élevé à l’hectare que 2,5 vaches/ha. Dans cette situation, la densité plus élevée du bétail à l’hectare, tout en faisant baisser le niveau d’extrait sec du lait par vache de 11 %, fait grimper la quantité de lait/d’extrait sec à l’hectare pâturé de 17 %. Des taux de densité du bétail plus élevés permettent à l’exploitant agricole de faire pousser et d’utiliser plus d’herbe au cours de la saison. Il en résulte que plus d’herbe est broutée à l’hectare par an, et plus les vaches utilisent d’énergie à l’hectare. La capacité à faire appel à des taux élevés de densité du bétail dépend du climat local, du type de sol et de sa capacité à se tasser/croûter, ainsi que le niveau de gestion de l’herbage et en particulier sa nutrition.